Pendant près de 10 siècles, depuis le 3ème au 12ème de l’Hégire, l’immense majorité de la communauté adhérait à une conception de l’Islam fondée sur trois principes. En effet, pour le dogme, ils choisissaient soit l’école acharite, soit l’école maturidite ; pour la jurisprudence, le sunnite avait le choix entre l’école malékite, ou hanafite, ou shafiite, ou hanbalite ; et pour la spiritualité, tout le monde s’inscrivait dans la logique de l’Imam Al-Junayd, puis ils choisissent un maître détenant une permission authentique d’éducation.
Durant le laps de temps que nous avons déterminé, tous les savants adhéraient à cette conception de l’Islam. Certains n’ont pas étudié ces trois champs, d’autres ne sont pas « affiliés » à un maître,… mais personne ne remettait en cause la légitimité de ces trois dimensions. En réalité, les savants qui ont remis cela en cause, entre le 3ème et le 12ème, on peut les compter sur les doigts d’une seule main.
Il n’est pas très intéressant d’aborder les trois premiers siècles parce que les champs des sciences n’étaient pas encore définis, et les mujtahidines (spécialistes ayant une compétence pour analyser les textes sans se référer aux écoles) étaient extrêmement nombreux. Par la suite, un homme prétendument réformateur du 12ème siècle, Muhammad Ibn Abdel-wahhab (qu’Allah le couvre par sa miséricorde) est apparu avec son lot de malheurs.
Lors de ces 30 dernières années, le soufisme fut pour certains une injure, une certification de Kufr,… Il était effectivement très difficile d’affirmer que l’on était soufis, que l’on suivait une école de dogme et de jurisprudence. Tout le monde devait se soumettre à la dictature de l’Ijtihad, que l’on soit ignorant ou savant. Mais, depuis quelques années, la tendance semble s’inverser grâce au travail confiant du Shaykh Al-Bouti, du Shaykh Ali Gomaa, d’Al-Habib Ali Al-Jifrî, de la famille Ben Seddik, et de nombreux autres savants. Ce sont les autres tendances qui représentent une accusation que personne n’accepte d’assumer.
La lutte pour l’existence est donc gagnée, mais le danger qui guette le soufisme aujourd’hui s’avère infiniment plus dangereux que les épreuves que nous avons traversées, et que l’on a su relever. L’ennemi ne vient plus de l’extérieur, mais de l’intérieur de nos rangs ! La lutte que nous avons à mener porte sur la préservation de l’authenticité de cette conception de l’Islam à laquelle nous adhérons, et qui est fondé sur les trois dimensions que nous avons énoncées ci-dessus.
Être soufi, c’est de (liste non exhaustive) :
- Renoncer à la conquête du pouvoir, de manière définitive, et ne s’inscrire dans aucun clivage, à moins que la nation ne soit en danger. Celui qui veut occuper une place, il a tout le loisir de le faire, à condition qu’il n’utilise pas sa confession comme argument. Et lorsque la nation est en danger, le soufi réagira afin de préserver l’état et ses institutions.
- Refuser d’asservir ses principes pour permettre l’extension de systèmes en vendant à la communauté musulmane des fantasmes. Pour donner un exemple précis, il n’est pas acceptable que des soufis fassent de l’entrisme dans le domaine de la finance islamique pour les raisons que nous évoquons.
- S’abstenir de toute intervention sur le champ des sciences islamiques, à moins d’avoir obtenu une certification authentique de la part d’un (ou de plusieurs) savant(s) autorisé(s). De la même manière, il serait honnête de ne pas confondre une Ijazah accordée par un savant pour bénir l’étudiant grâce à un lien avec le Prophète (Paix et Bénédictions sur lui), et une Ijazah qui atteste de la compétence optimale de l’Ijtihad.
- Respecter profondément les sources de l’Islam, ce qui n’empêche pas la critique, après avoir suivi une formation complète, et obtenu la permission d’enseigner puisque la critique implique la compréhension de tous les aspects. Par contre, le questionnement n’est soumis à aucune condition.
- N’intervenir que dans la sphère d’influence qui nous est accordée avec la certitude que cette sphère s’étendra si le Seigneur observe une sincérité dans notre cœur.
- Se persuader que toute action qui se produit sur terre s’inscrit dans une logique que Dieu a voulu, et que les êtres ne sont que les acteurs d’une scène dont Allah est le scénariste.
- ….
Cheikh Anass Tigra
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jeudi 3 mars 2016
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