vendredi 1 avril 2016

La minute de silence - par Cheikh Anass Tigra

La minute de silence est une forme de recueillement symbolique qui permet d’honorer la mémoire des victimes d’une guerre, d’un attentat, ou de tout autre crime perpétré. La première fois que la pratique a été inventée, c’était en France, le 11 novembre 1919, pour honorer la mémoire des victimes de la première guerre mondiale. De nombreuses nations ont adopté cette forme de recueillement dont l’objectif vise principalement à honorer la mémoire des victimes.

Sur le plan religieux, la pratique ne pose aucun problème dès lors où elle ne s’inscrit pas dans une dimension rituelle inhérente à une autre religion. Si la pratique faisait partie du rituel chrétien, par exemple, il ne serait pas convenable de l’imposer aux musulmans qui disposent de symboles commémoratifs particulièrement beaux. Toutefois, la pratique n’est aucunement religieuse : elle s’inscrit tout simplement dans la dimension civique ou protocolaire.

En Islam, il n’est pas nécessaire de se référer à des textes pour émettre une permission puisque la règle stipule que « toute action est autorisée, à moins qu’une source n’indique le contraire ». Néanmoins, le Prophète (Paix et Bénédictions sur lui) nous a enseigné que les symboles s’inscrivent dans cette dimension de la permission. Lorsque l’Apôtre de Dieu a souhaité envoyer une missive à un monarque, les compagnons ont mis en évidence que la missive ne serait lue que s’il y figure un sceau officiel. Le Prophète (Paix et Bénédictions sur lui) a alors accepté de fabriquer un sceau officiel, puis ils l’apposaient sur les documents officiels. 

La minute de silence n’est pas soumise à une procédure objective ! Lorsque la nation est touchée par une tragédie, l’émotion exige naturellement que des minutes de silence soient organisées partout dans le pays. Par contre, lorsque la tragédie se déroule ailleurs, d’autres facteurs entrent en compte pour « imposer » la minute quelques fois, et pour ignorer la tragédie d’autres fois. La politique a effectivement ses raisons que la raison ne peut comprendre.

Pour ma part, les musulmans devraient nommer cette pratique « minute de silence », mais plutôt « instant de levée ». Muslim (Tradition n° 1602) rapporte qu’un convoi funéraire est passé devant le Prophète (Paix et Bénédictions sur lui), et il s’est levé. Il lui a été dit : « Il s’agit de la dépouille d’un juif », et le Prophète (Paix et Bénédictions sur lui) a répondu : « N’est-ce pas un être humain ? ». Le style, c’est l’homme ; et notre Prophète (Paix et Bénédictions sur lui) est un homme plein de charme.
Par ailleurs, le conseil que je prodigue – à moi-même et à mes frères – consiste à ne pas utiliser les victimes pour régler des comptes avec des institutions ou des particuliers. Il n’est pas correct de lier un hypothétique refus de s’adonner à une minute avec un déficit de maîtrise du français de la part du conseil des théologiens. Dans l’histoire des musulmans, ces méthodes politiciennes ont conduit aux événements qui ont eu lieu entre Ali et Mu’âwiyah. Qu’Allah nous guide !

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